Edouard Philippe est lucide en disant cela, lucide aussi lorsqu’il dit « comprendre » la « colère » des Français vis-à-vis du chef de l’Etat.
Lorsqu’il appelle à « créer une nouvelle majorité », il faut entendre sa volonté claire de rupture avec le camp présidentiel, ses poulains et ses technocrates. Cette nouvelle majorité peut-elle exister ou est-ce uniquement un vœu pieux ?
Ces élections ne vont très probablement pas dégager pour un camp une majorité absolue de 289 sièges. Le Rassemblement National ne pourra donc gouverner seul, le Nouveau Front Populaire non plus, Ensemble encore moins.
Si le Rassemblement National, même sans majorité absolue restera monolithique (modulo ses ralliés LR peu fiables), le Nouveau Front Populaire lui ne restera soudé qu’en cas de victoire, il explosera dès le 8 juillet dans le cas contraire.
Quels seront alors les scénarios ?
- Majorité Absolue pour un Parti : Peu probable et seul le RN pourrait l’obtenir.
- Coalition Majoritaire : Plus réaliste, ce scénario impliquerait la formation d’une coalition entre plusieurs partis. Cela nécessiterait que le reste des Républicains rallient un gouvernement Bardella.
- Majorité Relative : si les Républicains ne trahissent pas leurs derniers électeurs, aucune coalition majoritaire n’émergera. En ce cas, le locataire de l’Elysée pourra choisir un Premier Ministre de consensus dans un large spectre allant du Parti Socialiste aux Républicains. Ce Premier Ministre devra alors gouverner en recherchant des accords ponctuels sur chaque vote au Parlement. Cela pourrait conduire à une gouvernance instable et à des difficultés pour faire passer des réformes.
- Blocage Institutionnel : Dans le pire des cas, la fragmentation pourrait conduire à une paralysie institutionnelle, avec une incapacité à former des gouvernements. Deux solutions alors, attendre juillet 2025 pour une nouvelle dissolution, voir le Président démissionner.
Emmanuel Macron a exclu de démissionner affirmant vouloir conduire son mandat à son terme. Dimanche soir, il avait aussi promis de ne pas s’impliquer dans la campagne législative, comme toutes ses autres promesses de gouverner autrement, elle n’aura pas duré plus longtemps que la rose. Qu’en sera-t-il demain de ses nouvelles promesses ?
La France va donc devoir, au moins jusqu’à l’année prochaine, vivre l’expérience du régime parlementaire qu’elle n’a plus connu depuis 66 ans.
Les Français vont redécouvrir un régime politique dans lequel toutes les voix pourront enfin se faire entendre à l’Assemblée Nationale sans devoir se plier à la décision d’un seul, du chef providentiel omniscient et omnipotent. Chaque député sera enfin responsable devant ses électeurs, seulement devant eux.
Dans votre circonscription? Une seule certitude, le RN n’y a aucune chance.
A quoi vous servirait-il de suivre des consignes nationales de “vote utile” ?
Dans cette circonscription, il n’y a pas à faire barrage au RN, pas à faire barrage à un candidat LFI. Vous pourrez donc y faire valoir vos convictions sans crainte.
Si vous voulez que votre député s’investisse sans compter pour porter votre voix et vos valeurs à l’Assemblée Nationale, si vous voulez que votre député ne s’abaisse pas devant les menaces qui guettent notre démocratie, si vous voulez que votre député ne reçoive pas ses ordres du Palais de l’Elysée, ne vous laissez pas aveugler par les discours qui prétendent que le seul recours est la troisième voie.
Il existe une autre voie, celle d’élire un représentant indépendant qui affirme clairement ses valeurs et comment il les portera pour vous.
Un député qui soutiendra en toute liberté, sans revendiquer un poste, toute initiative pour créer la “nouvelle majorité” dont parle Edouard Philippe, indépendante des extrêmes et des manœuvres désespérées du “en même temps” qui a fait tant de mal à l’image de notre démocratie depuis sept ans.
Votez pour moi, je ne vous décevrai pas.
Joël Heslaut
Laisser un commentaire